Blog de voyage

Ce blog est destiné à nos proches, à nos amis et à tous les passionnés de navigation et de voyage. N'hésitez pas à nous laisser un message. Pour les vidéos et les documents techniques ou de navigation, se reporter à la rubrique "Croisière océanique".


Traversée vers Porto Santo

Cette navigation hauturière hivernale de près de 600 MN n’est pas toujours facile, car il faut affronter trois difficultés :

1. Le franchissement du détroit de Gibraltar, par où communiquent l’océan Atlantique et la mer Méditerranée

2. Les orques, qui font parler d’elles depuis 2020

3. La météo, aléatoire en cette saison.

Le franchissement du détroit ne représente une difficulté réelle que par vent d’ouest. Il suffit de respecter quelques règles simples : quitter la baie 3 heures après la pleine mer de Gibraltar, longer la côte jusqu’à Tarifa pour n’avoir à subir qu’un courant contraire modéré (approx. 1 nd), traverser le double rail des cargos et se laisser porter en suivant la limite inférieure du rail entrant jusqu’au cap Spartel, de manière à éviter les casiers et les filets marocains.

L’autre inquiétude ce sont les orques. Quelques-uns de ces joyeux mammifères marins ont pris l’habitude depuis 2020 de croquer le safran (la partie immergée du gouvernail) des voiliers et des bateaux de pêche. Normalement, lesdits CAC (cétacés ou c’est assez, comme vous voudrez) se trouvent à cette période-ci du côté des rias de Galice ou sur la côte portugaise, beaucoup plus au nord ; seulement, au moins 3 interactions (c’est ainsi que les cétologues appellent ce contact agressif sans volonté de nuire…) ont eu lieu en janvier, 2 du côté de Tanger (l’un des deux bateaux a failli couler), l’autre vers Cadix. Il faut tout de même ajouter que, dans le même temps, un nombre inconnu de bateaux sont passés sans être inquiétés.

Donc voilà : il vaut mieux ne pas croiser leur route et, comme personne ne sait où se trouvent ces bêtes en particulier le ou les groupes qui s’en prennent aux bateaux surtout où elles se trouveront demain à l’heure de leur passage, les navigateurs se perdent en conjectures sur la meilleure route à prendre, les moyens de les tenir éloignées ou de s’en débarrasser… Ce souci nous a été épargné.

Quant à la météo, on a beau disposer d’outils de plus en plus perfectionnés, on a beau être en Atlantique sous l’égide de l’anticyclone des Açores, la boussole des navigateurs, les prévisions ne sont des indications vraiment fiables que pour les 48 h à venir, elles sont nettement plus aléatoires pour les jours qui suivent.

Généralement, ce sont les alizés, vents du nord générés par l’énorme anticyclone des Açores (H = haute pression = anticyclone), qui prédominent et offrent un véritable toboggan vers les Canaries (voir représentation sur photo 01 pour le 15 février). Certes, il faut composer avec une grosse houle d’au moins 3 m et un vent un peu trop sur l’arrière, mais on s’en accommode assez bien.

Cette année, l’anticyclone des Açores s’est beaucoup baladé, quand il n’a pas complètement disparu, et les dépressions d’ouest se sont succédé, centrées tantôt sur le golfe de Gascogne, tantôt sur le détroit de Gibraltar, tantôt sur le sud marocain. L’océan est bousculé et le vent du sud, qui contrarie notre route, n’est pas rare.

Nous avions choisi d’aller vers l’archipel de Madère pour éviter une dépression qui montait du sud marocain vers le NW de Lanzarote.

Au début, nous avons beaucoup traîné, alternant voile et moteur ou les deux ensemble. Nous avons dû nous accommoder de vents de NE très irréguliers, souvent dans l’axe du bateau. Entre le cap St Vincent au Portugal et le cap Cantin ou Beddouza au Maroc, il y a une immense baie placée sous la protection de la péninsule ibérique, que les vents du nord touchent assez peu et où la houle est supportable. Ensuite, on est vraiment en plein océan.

L’océan nous a salué avec 3 nuits d’orages accompagnés de nuages bas couleur anthracite, de vents violents (rafales entre 40 et 60 nds), de salves de tonnerre, de pluies soudaines et de myriades d’éclairs illuminant tout l’horizon. Impressionnant !

Le dernier jour, nous avons foncé à 8 nds vers l’archipel de Madère, poussés par un vent d’est soutenu de 25 nds, et nous sommes amarrés à une bouée après 4 jours et 4 nuits et 14 heures pour 578 MN, soit une moyenne de 5,25 nds/h.

Porto Santo est une île située au nord de l’archipel madérois d’une longueur de 12 km. Elle fut découverte en 1418 officiellement par deux portugais jetés à la côte par une tempête, qui se l’approprièrent au nom du Roi du Portugal, et l’un des premiers gouverneurs fut Bartolomeu Perestrelo, le beau-père de Christophe Colomb, qui vécut lui-même sur l’île. Le monde est petit…

Quelques pics entre 400 et 500 m à l’est, une grande plaine et une magnifique plage de 9 km au sud, une petite ville Vila Baleira, environ 5000 hbts, un port polyvalent abritant le quai du ferry (qui ne fonctionne pas une partie de l’hiver), une petite marina et quelques bouées, sans compter un port à sec assez étendu pas mal fréquenté par les européens du nord du fait de ses tarifs avantageux. D’après la brave dame qui nous a reçus, ça ne saurait durer, car le gouvernement de Madère envisage de vendre la marina au privé. La location de la bouée, qui nous paraissait solide et en bon état, nous a coûté 6,50 €/jour.

Porto Santo est une île calme, en plein développement toutefois, où l’on vit sereinement, loin des affres et des aléas de la civilisation… Le paysage paraît quelque peu dénudé : la faute aux premiers immigrants qui eurent l’idée géniale d’y amener des lapins, qui ont tout boulotté !

Un petit mot de votre part ?

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Loading
Aller à la barre d’outils