Blog de voyage

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Les autres îles au vent

Les îles au vent (ilhas de barlavento en portugais) sont celles que le vent rencontre les premières, par opposition aux îles sous le vent. Après Sal, São Vicente et Santo Antão, il nous restait à voir São Nicolau et Boa Vista.

Entre l’île de São Vicente et l’île São Nicolau, la petite île désertique de Santa Luzia offre un mouillage sauvage par temps calme. C’est là que nous jetons l’ancre à l’abri d’un gros rocher, l’îlot Zinho, et devant une belle plage que nous lorgnons, mais que nous ne foulerons pas, empêchés de débarquer par les rouleaux qui s’y brisent. Les seuls habitants de l’île sont des chats domestiques retournés à l’état sauvage, qui ont décimé les colonies d’oiseaux. Nous n’essaierons pas de les apprivoiser… L’île a failli devenir un dépôt d’ordures chimiques (une terre inhabitée attire bien des convoitises…), mais le gouvernement capverdien a préféré son environnement aux billets verts.

Les îles de São Nicolau et Boa Vista, situées à 80 MN l’une de l’autre, n’ont pas grand-chose en commun, sinon d’appartenir au même groupe d’îles et d’être délaissées par les navigateurs pressés d’atteindre l’autre rive de l’océan.

São Nicolau présente un relief de collines pelées, avec une vallée verdoyante située à proximité de la route qui mène de Tarrafal (toponyme qui signifie « terre dépourvue de tout », qu’on retrouve sur pas mal d’autres îles) à la « capitale » de l’île, Ribeira brava (torrent). Grâce à l’aide française, cette vallée est irriguée par de l’eau issue de galeries qui stockent l’humidité et permettent à la canne à sucre, aux légumes, au maïs et aux arbres fruitiers de pousser.

La zone de mouillage de Tarrafal, grande ouverte à l’ouest, est désagréable : en plus des rabattants qui dévalent les proches collines (35 nds pour nous accueillir), en l’absence d’anticyclone établi, elle reçoit en permanence la houle des dépressions qui passent au nord et, une semaine avant notre arrivée, un Suisse venait d’y perdre son voilier.

La navigation vers l’île de Boa Vista (90 MN) s’est faite de nuit et au près. Traduction pour les non-initiés : on a le vent dans le nez. Le foc de route et la grand-voile sous 3 ris sont hissés. Nos deux équipiers découvrent cette allure penchée et leurs estomacs apprécient modérément, même si Mindelo chevauche la houle d’alizé avec panache. Cette étape plus que les rumeurs alarmistes qui courent au sujet de possibles attentats en Afrique occidentale (5 djihadistes officiellement recensés au Sénégal contre des centaines en France !) a compromis irrémédiablement notre traversée vers l’Afrique (350 MN), dont une bonne partie se serait déroulée au près.

L’île de Boa Vista, un morceau de Sahara posé dans l’Atlantique, est le paradis des bronzeurs et des surfeurs, car il y a de nombreuses plages de sable clair, peu de profondeur, le vent y souffle régulièrement et les vagues sont au rendez-vous. Le mouillage au sud de l’îlot de Sal Rei, juste en face de la ville du même nom, est éloigné du village (environ 1 km à parcourir en annexe dans une mer formée ; il est agité lorsque le courant de marée s’oppose à l’alizé et peut devenir très inconfortable quand la grosse houle de NW s’y ajoute, déferlant sur les nombreux hauts-fonds semés d’épaves. En 1779, le grand navigateur anglais James Cook faillit y perdre son bateau « Resolution ».

En temps normal, c’est-à-dire le plus souvent, le mouillage, « encombré » par 2 ou 3 bateaux, nous permet de profiter pleinement d’une eau turquoise et du climat ensoleillé.

Le village de Sal Rei, sympathique et agréable à vivre, s’accommode d’une curieuse harmonie. Entre les « barracas », quartier de la ville occupé par des migrants africains parvenus à s’implanter sur une terre en voie de développement, un ensemble résidentiel ultramoderne à l’architecture élancée et les hôtels de la côte nord en construction depuis toujours, le contraste est saisissant. Les bétonnières et les conteneurs rouillent à proximité des chantiers et, en dehors des Italiens qui se sont implantés sur l’île très tôt, les touristes ne sont pas très nombreux, à moins qu’ils ne restent enfermés dans une des citadelles au doux nom de « Beach resort » ou encore « Palm view resort ».

La corvée de paperasserie, à renouveler dans chaque île, exige que nous trouvions le bureau de la police maritime, où on nous remet chaque fois la même fiche à remplir, plus ou moins bien photocopiée, alors que nous en avons une toute prête et toute remplie. Depuis la publication du guide Imray, partout la police maritime (ou delegação maritima) a déménagé et, comme les habitants n’ont jamais affaire avec elle, ils nous envoient vadrouiller dans toutes les directions. À Sal Rei, elle se trouve sur le quai de commerce, un petit préfabriqué blanc au toit défoncé, beaucoup moins visible que le bâtiment moderne de la capitainerie et des douanes, et à Tarrafal de São Nicolau à droite d’une large avenue juste au-dessus du port. La taxe de mouillage est partout de 700 CVE (un peu plus de 6 €), quelle que soit la durée du séjour.

Étapes suivantes : Maio et Santiago.

Lien vers le film réalisé par Nathalia et Vincent sur notre traversée Canaries-Cap Vert : c’est ici.

1 commentaire

  •    Répondre

    Chers Patrice et Michele,

    Que de découvertes ! Merci pour les explications et descriptions : je ne m’imaginais pas que l’archipel du Cap Vert comportait autant d’îles, assez différentes les unes des autres.

    En tout cas, voilà une manière bien originale de passer l’hiver. Quelle aventure !

    Bonne navigation ; bon vent surtout ; je vous embrasse bien affectueusement,

    Martine

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